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La Petite Fille aux Allumettes — lumière fragile et magie de Noël au cœur de la nuit
CarinePartager
Il neigeait ce soir-là. Une neige fine, silencieuse, tombait sur la ville endormie. Les pavés brillaient sous la lumière des réverbères, les fenêtres laissaient deviner des foyers joyeux, et dans chaque maison, l’esprit de Noël réchauffait les cœurs. Mais au détour d’une ruelle, loin des rires et des chants, marchait une toute petite fille.
Ses pas étaient légers, presque effacés par la neige. Elle portait une robe usée et de vieux souliers trop grands qu’elle avait perdus dans la tourmente. Dans ses mains rougies par le froid, elle serrait une petite boîte d’allumettes. C’était tout ce qu’elle avait à offrir… et tout ce qui lui restait.
Elle avançait lentement, regardant les lumières des maisons sans oser frapper. Le vent jouait avec ses cheveux emmêlés, et pourtant, il y avait dans ses yeux une douceur étrange — celle de ceux qui espèrent encore.
« Il faisait un froid glacial ; la neige tombait, et la nuit approchait. Dans cette obscurité, une petite fille, tête nue et pieds nus, marchait lentement dans les rues. »
Les passants pressés ne la voyaient pas. La nuit de fête les emportait vers leurs familles, leurs tables garnies, leurs sapins étincelants. Alors la petite s’abrita contre un vieux mur, dans un coin à l’abri du vent. Ses doigts tremblaient. Elle sortit une allumette et la craqua.
La flamme jaillit, vive, dorée, presque joyeuse. Dans cette lueur fragile, il lui sembla voir un grand poêle en fonte, tout rouge de chaleur. Elle tendit les mains, sourit un instant… puis la flamme s’éteignit.
« Quelle flamme éclatante ! Quelle lumière chaude ! Il lui sembla être assise devant un grand poêle de fonte… »
Alors elle en craqua une autre. Et cette fois, c’est une table de fête qui apparut devant elle : nappée de blanc, garnie d’oies rôties, de pommes dorées, de fruits et de gâteaux. Un parfum de cannelle flottait dans l’air. Elle tendit la main, mais au moment où ses doigts touchèrent la flamme, tout disparut à nouveau.
Une troisième allumette s’enflamma, et dans la clarté vacillante, un immense sapin de Noël s’éleva devant elle. Les bougies brillaient comme mille étoiles, les guirlandes dansaient doucement, et au sommet, un ange doré ouvrait les bras.
« Elle frotta encore une allumette… et voilà un sapin de Noël, tout illuminé de mille bougies. »
Les flammes se reflétaient dans ses yeux émerveillés. Autour d’elle, le monde n’existait plus. La neige, le froid, la nuit… tout semblait s’effacer. Il ne restait que la lumière, douce et dorée, et ce sentiment apaisant de chaleur et d’amour.

La petite fille sourit. Elle craqua une dernière allumette, et dans la flamme apparut le visage de sa grand-mère. Belle, rayonnante, tendre comme autrefois. Elle lui tendait la main, et la fillette sentit une chaleur inconnue l’envahir, plus forte que le feu, plus douce que la neige.
« Sa grand-mère se tenait là, douce et rayonnante, l’appelant à venir dans la clarté et la joie. »
Alors la flamme s’éteignit. Mais cette fois, la lumière resta. Pas celle des allumettes — celle du cœur. Les habitants, le lendemain matin, retrouvèrent la petite endormie sous un voile de neige, le sourire aux lèvres, la boîte d’allumettes serrée contre elle. Et tous jurèrent que dans le ciel, juste au-dessus du vieux mur, une étoile s’était mise à briller, plus lumineuse que toutes les autres.
Depuis ce jour, chaque veille de Noël, on dit que cette étoile revient. Elle scintille un peu plus fort quand on ouvre son cœur, quand on tend la main, quand on croit encore aux miracles discrets.
Et quelque part, dans la lumière d’une bougie ou le reflet d’une guirlande, peut-être apercevrez-vous, l’espace d’un instant, le sourire de la petite fille aux allumettes.
Retrouvez le conte « La Petite Fille aux Allumettes » de Hans Christian Andersen en texte intégral sur Wikisource.